Parler des vraies affaires avec mon enfant

Parler des vraies affaires avec mon enfant

Est-ce que je devrais dire à mon enfant que j'ai un diagnostic de maladie? J'ai peur que ça l'insécurise, que ça crée de l'anxiété chez lui, que ce soit pire… Est-ce qu'on devrait dire aux enfants que nous allons nous séparer? Est-ce que je devrais partager avec eux ma peine suite au décès de leur grand-mère? Tant de questions qui me sont fréquemment posées par rapport à ce qu'il est correct de dire ou non.

Ces questionnements viennent principalement du fait que l'on veut éviter des souffrances à nos enfants, que l'on a mal nous-mêmes de les voir souffrir et que, bien souvent, nous n'avons pas été éduqués par des adultes qui ont pris soin de mettre des mots sur ce qui se passait autour de nous. Pourtant, c'est une erreur de vouloir protéger nos enfants de la réalité qui les entoure et ce, pour plusieurs raisons :

  • Nous savons que les enfants ressentent ce qui se passe autour d'eux, particulièrement dans leur famille immédiate. De vraies éponges. Ils savent très bien que quelque chose se passe, mais ils ne savent pas ce que c'est! C'est pire pour eux de ne pas pouvoir comprendre que de savoir la vérité. Ceci est une grande source d'insécurité chez l'enfant.
  • L'enfant se sent facilement coupable de tout et de rien. Par défaut, s'il ne peut donner une explication à la peine de maman ou à la colère de papa, il sera porté à penser que c'est sa faute à lui, même si rien ne laisse croire qu'il pourrait être coupable de quoi que ce soit.
  • L'enfant qui pose des questions (par exemple, par rapport à la mort ou à la maladie) et qui ressent que cela crée un malaise chez l'adulte peut facilement comprendre qu'il s'agit d'un sujet à éviter. Ceci ne lui permettra pas de s'exprimer, de pouvoir apprendre sur une situation donnée et il devra s'isoler avec ses incompréhensions et en venir à ses propres conclusions, qui peuvent être très erronées. De plus, ce n'est pas ce que je souhaite comme parent, n'est-ce pas? Je veux que mon enfant vienne vers moi quand il a besoin de parler et de se confier.
  • Plusieurs enfants vont avoir tendance à somatiser (développer des maux physiques) ou encore développer des comportements dérangeants lorsqu'ils n'ont pas la possibilité d'extérioriser leur ressenti et qu'ils accumulent un inconfort à l'intérieur d'eux.
  • Parler d'une séparation imminente, d'une maladie, d'un enjeu important, d'une dépression permet à l'enfant de se faire à l'idée, de s'adapter aux événements et de pouvoir réagir et vivre la situation avant d'être mis devant le fait accompli. Ceci aide énormément à sécuriser l'enfant à travers les différentes étapes d'une situation difficile qui se présente dans votre vie.
  • Je donne un modèle à mon enfant. Je lui parle, je communique, je le considère, je lui exprime ce qui se passe. Il sera ainsi beaucoup plus porté à le faire à son tour lorsqu'il vivra une situation difficile ou lorsqu'il aura besoin d'en parler.

Voici maintenant quelques points à prendre en considération lorsque je prévois avoir une conversation avec mon enfant :

  • Adapter le contenu à l'âge de l'enfant. Plus il est jeune, plus je vais dire l'essentiel. Au fur et à mesure qu'il grandira, je pourrai lui donner plus d'informations. Un bon repère est de suivre ses questionnements. Les jeunes enfants vont se contenter d'explications de base car leur compréhension ne peut pas aller plus loin. Lorsque les questions demandent plus de détails, c'est au parent de trouver les mots pour expliquer. Faites-vous confiance.
  • Parler de ce que moi je vis, tout en demeurant un adulte responsable de mes émotions. Nous ne voulons pas déverser notre émotion sur l'enfant pour que celui-ci la porte à notre place! Par exemple : « c'est vrai tu sais, je suis vraiment très triste de ce qui s'est passé. Je vis de la peine à tous les jours et je vois bien que tu trouves ça difficile de me voir comme ça. Je l'aimais beaucoup grand-maman, et elle me manque. Mais ne t'inquiètes pas, je m'en occupe de ma peine, c'est normal d'en vivre, et ça va aller mieux ensuite ».
  • Garder en tête qu'il est toujours gagnant de dire « les vraies affaires ». Même si j'adapte le contenu, je vais tenter de dire la vérité.
  • Utiliser les bons mots. Un très bon exemple tiré de Papa, maman, écoutez-moi vraiment (Jacques Salomé) est le suivant : Un petit garçon faisait quelques fois le tour du carré de maison chaque soir en revenant de l'école avant d'entrer à la maison, car il espérait trouver son père… Effectivement, il pensait qu'il pouvait le trouver parce que sa mère leur a dit : « papa est parti et il ne reviendra pas »… et lorsqu'il entendait sa mère parler aux autres adultes, elle disait : « depuis que j'ai perdu son père… » Ce jeune garçon avait du mal à se représenter la mort et, en plus, on n'avait pas pris le temps de lui expliquer et de lui faire une place pour questionner. 

J'applique moi-même la discussion très ouverte des vraies affaires dans ma famille. Je l'intègre également dans ma pratique de coaching parental et le bien-être mutuel qui en ressort est indéniable. J'espère sincèrement vous avoir transmis le goût de communiquer véritablement avec vos petits et grands. Après tout, vous formez une équipe tous ensemble. Donnez-vous le plaisir de cheminer ensemble au lieu de faire voiture à part…

Caroline Blaquiere

Membre du Réseau Nanny secours 2011-2012 BESOIN D'UNE CONSULTATION?

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