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Mon fils est gai

Mon fils est gai

Je suis dans la cuisine en train de préparer le souper et j’entends mon fils aîné et son copain se chamailler. Ils ont environ 6 ou 7 ans à l’époque. Finalement les deux se pointent devant moi et mon fils me dit : « Maman, explique à Laurent ce que le mot gai veut dire. » Je les regarde un peu surprise et Laurent du haut de ses trois pommes me dit « Gai ça veut tout simplement dire être heureux». La mère de Laurent est française d’origine. Chez nous, on n’utilise jamais le mot « gai » pour exprimer être heureux, mais chez Laurent oui! J’avais tellement envie de rire. Je m’adresse alors à mon fils, « Et selon toi que veut dire ce mot ? » Avec ses deux petites mains sur les hanches, il affirme « Ben, c’est quand deux femmes ou deux hommes sont ensembles c’t’affaire! » Et oui, chez nous, c’est ce que ça veut dire.

Finalement, ils étaient très heureux de découvrir qu’ils avaient tous les deux raison, et qu’il s’agissait d’un homonyme! Même son, différent sens.

En ce qui me concerne, c’est à l’âge de 18 ans que j’ai eu à faire face à l’homosexualité pour la première fois. Une de mes amies m’a annoncé qu’elle était lesbienne. Au départ ce fut un choc et étant née au Québec en 1960 où l’intolérance à la différence étaient au rendez-vous, j’ai d’abord envisagé ne plus être son amie. Le soir même, seule dans ma chambre, j’ai réfléchi et je me suis dit que Sonia restait Sonia, pourquoi j’arrêterais de l’aimer juste parce qu’elle est « devenue » lesbienne. Ce fût là le début de mon acceptation de la différence envers l’orientation sexuelle!

J’ai deux enfants, deux garçons. Ils ont 4 ans de différence. Je me souviens de l’été des 14 ans de mon aîné comme si c’était hier! Il trouvait donc les filles BELLES! En petites jupes, petits shorts, petits tops! Oh là, là qu’il les trouvait belles. Il en bavait presque, je trouvais ça tellement drôle, et je me souviens m’être dit « en tout cas celui-là n’est pas gai! ».

Mon cadet, quant à lui, n’a jamais signifié aucun intérêt envers un sexe en particulier. Et sans en être certaine, il m’est arrivé de penser que « celui-là pourrait être gai! » Rien de spécifique ne me le dictait, pas de caractéristiques stéréotypées. Mais justement, il était, comment dire… asexué. Ni vraiment masculin selon les stéréotypes et ni féminisé non plus! Juste lui, sans identification significative à aucun genre!

Lorsqu’il m’a annoncé être en couple, cela faisait déjà un an qu’ils se fréquentaient. C’est bien pour dire! Est-ce parce qu’il est du type introverti et discret ou est-ce parce qu’il est en couple avec un homme? Je crois qu’il avait besoin de trouver ses propres réponses avant de répondre à mes questions.

Et même avec mes valeurs d’ouvertures et d’acceptation, je dois vous avouer que j’ai eu un petit pincement au cœur! Parce que je sais que ce n’est malheureusement pas tout le monde qui est ouvert et acceptant. Je sais que ce sera parfois difficile pour lui. Qu’il ne pourra pas se promener n’importe où en lui tenant la main. Qu’à chaque fois qu’il va le présenter comme étant son chum, il va attendre la réaction de l’autre. Il est hors norme et ça, ça dérange. Il affirme d’ailleurs être « bi » et non « gai ». Je crois qu’il réclame haut et fort son droit de pouvoir choisir ce qui lui convient. Est-ce qu’on peut faire de même? Vivre et laisser vivre, sans jugement, simplement dans l’acceptation des différences ? Accepter que l’autre choisisse par et pour lui-même ? Que l’autre vive ce qui est vrai pour lui, pour elle. Ne pas toujours supposer que tout le monde est ou doit être hétérosexuel? Que tout le monde doit entrer dans le même moule. Si vous avez lu cet article jusqu’à la fin c’est que vous témoignez d’ouverture. Et pour cela je vous en remercie.

Pour plus d’information je vous invite à consulter les sites suivants :