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Comment fait-on une faillite parentale ?

Comment fait-on une faillite parentale ?
J’ai un problème moral, qui ressemble à une démangeaison que j’ai dans le milieu du dos…(tsé là où l’on ne peut pas se gratter seul).

Pourquoi ne faisons-nous pas un horaire d’activités de parents? Pourquoi n’avons-nous jamais du temps pour nous? Et quel dommage collatéral cela provoque-t-il, outre le fait de ne plus faire l’amour ou si rarement? Je parle du temps en dehors du travail et des obligations qui nous font payer des impôts.

Nous organisons l’horaire de l’enfant, nous préparons et organisons les activités des enfants, nous nous assurons que l’enfant a tout et nous prenons ce qui reste de temps, comme l’oiseau qui passe sur la carcasse de l’animal mort après le lion, les hyènes, les vautours et les mouches à marde! Nous prenons ce qui reste, sans voir s’il y avait autre chose dans le garde-manger pour nous (et le garde-manger est plein)!

Oui, c’est exigeant un horaire de parent, mais ce n’est pas aussi accaparant que le laisse croire notre état de panique-culpabilité-organisation trouble…enfin cet état qui fait qu’on s’oublie!

D’ailleurs, avons-nous déjà fait l’exercice de bien définir notre tâche de parent en détail? Plutôt que de tomber dans la formule facile; de le nourrir et le divertir comme si nous étions des animateurs scouts!

Selon moi, son éducation repose surtout sur son sens de l’observation. Les enfants sont des voyeurs naturels. Ils épient tout ce que nous faisons et disons. Et c’est ça qu’il faut nourrir. Par nourrir, je veux dire, lui donner une bonne raison de nous regarder vivre, ce qu’il fait naturellement. Il nous observe être bien. Avoir du plaisir. Être heureux. Régler des conflits. Être en amour. Prendre soin de nous. Parler aux voisins. Partager. Rire avec des amis. Discuter autour de la table. Il voit tout ça! C’est clair qu’il se contrebalance de ce que nous leur faisons/disons comme morale. L’audio fonctionne moins bien que le vidéo!

J’ai un peu peur en écrivant ces lignes d’entendre mes amis parents, blessés dans leur orgueil de parent qui donne tout et trop à leur enfant, me tomber dessus! Je sais qu’on aime bien mieux dire de l’enfant qu’il est entêté, boqué, paresseux, que toute sa génération n’aime que le ludique et le facile. Alors on chiale! Lui il observe tout ça! On aime mieux faire tout pour lui, car on se sent coupable de ne pas être assez là pour lui. On règle donc tout à sa place et on est convaincu qu’on fait notre travail. Lui il observe tout ça! Qu’il faut qu’on l’aide en l’empêchant de se casser la gueule, prendre des risques, essayer une première fois! Lui il observe tout ça! Je ne dis pas de demander à l’enfant de 15 mois de changer sa couche seule, car ça fait quand même des centaines de couches qu’on change sous ses yeux, et qu’il aurait dû comprendre comment depuis ce temps! (Quoi que…)

Restons dans le gros bon sens. Dans le sens de la confiance. Avoir juste assez confiance pour que, tout le long du chemin, nos paroles et nos actes se promènent main dans la main. Que nos soucis ne viennent pas gruger notre horaire d’adulte qui a besoin lui aussi de recharger ses «batteries» avec ce qu’on appelle gentiment ; la vraie vie!

Il faut même, parfois, prendre des risques avec notre enfant. Le mettre en position de devenir débrouillard, ouvert, mature. Oui, il sera un peu déstabilisé si nous lui demandons quelque chose qu’il n’a pas l’habitude de faire seul. Mais si on explique bien, et qu’on coach bien juste avant (pas trop pendant)…pourquoi ne serait-il pas capable? S’il rate son coup, tant mieux. On aura ici un vrai apprentissage. Une vraie leçon. On pourra même ouvrir la porte sur le magnifique monde de l’effort à produire pour avoir un résultat! On investit ainsi dans la libération du temps pour nous. Chasser l’idée que c’est égoïste!!! N’importe qui, qui est passé par là vous dira que la parentalité heureuse passe aussi par savoir se libérer des espaces-temps pour nous « tu seul »!

Voyons un exemple de petit dérapage parental. Je pige cet exemple dans des milliers de gestes que j’ai posé et qui n’ont jamais donné le résultat escompté :

Que c’est désagréable de répéter pour la millième fois ; « accroche ton manteau! » Au moment où nous avons changé les cintres pour des crochets (réduire ainsi l’effort au minimum) et qu’encore il laisse le manteau par terre. Quoi faire? Comment réagir? Est-ce qu’on punit pour « juste » un manteau?

Ma solution est plutôt mitigée. Je pense qu’à la base, changer les cintres pour des crochets était une erreur grave dans laquelle nous sommes tous tombés. Rendre trop facile notre travail, et ainsi dire à l’enfant, tu as raison on va tenter de faire moins d’efforts. Lui il observe tout ça! Et c’est à ce moment-là que commence notre colère de voir les enfants en faire moins et s’en vouloir de ne pas avoir insisté. Alors, on se penche et on ramasse son manteau (et toutes les autres bébelles qu’il laissera par terre sachant que nous allons les ramasser quand même)! Pendant qu’on aurait vraiment pu faire autre chose! Lui il observe tout ça!

Bien sûr que l’éducation prend du temps. Mais maintenir l’idée de l’effort et croire en eux nous libère du temps au bout du compte. Car si nous donnons trop de temps à toujours réajuster et compenser, et n’en prenons pas assez pour nous ; on fera une faillite parentale! C’est un calcul évident non?