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Trois fois sur le métier…

Trois fois sur le métier…

 

Je ne suis pas un père, je suis un astronaute!

Je voyage toute la journée entre trois planètes différentes. Je voyage à la vitesse de la lumière entre trois univers qui ne se recoupent que très peu. Mes trois fils sont si différents que ça déséquilibre son homme. Si vous avez plus d’un enfant, vous savez de quoi je parle. Mes trois planètes ne réagissent pas de la même façon à la vie, et c’est ça qui est épuisant. Quand l’un veut faire ça, l’autre ne veut pas, et le troisième n’était pas au courant.

Quand le deuxième offre une activité, c’est sûr que ça n’adonne pas au troisième, et le premier refuse parce que … juste parce que! À ce moment-là, le troisième veut faire autre chose; ce qui met en colère le premier, et le deuxième décide finalement, que plus rien ne lui convient et qu’on fait tout pour ne pas respecter qui il est…, c’est ce qu’il dit! Alors, le premier embarque dans la crise existentielle et le troisième se met à pleurer parce que c’est trop et qu’il veut changer de famille. À ce moment, la divine autorité parentale met un « hold » sur les activités de la journée, et on oublie tout ça. J’aurais vraiment aimé savoir quoi dire, à cet instant, pour être la Sainte-Trinité rassembleuse, mais bon! Ce sont trois façons de voir la vie, de vivre la vie et de penser la vie.

Des planètes indépendantes

Bien sûr, parfois ils arrivent, à certains moments bénis, à faire quelque chose ensemble. Mais, le chemin parcouru pour en arriver là est très ardu. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils n’ont pas l’air malheureux. Ils apprivoisent le monde avec leurs confrontations. Mais moi… Moi, dans tout ça, je deviens un « tri-père », une chose qui doit se diviser en trois. Et, chaque tiers de moi, doit s’adapter à cette nouvelle vie sur ces planètes indépendantes. Mes fils ont chacun leur façon de me demander quelque chose. Ils ont chacun leur mode d’emploi pour me séduire. Ils ont chacun leur manière de m’avoir. Si au moins je pouvais les chicaner de la même façon, mais non! Il y en a deux sur trois qui ne comprendraient pas ce que je veux dire. Pour l’un, je serais juste fâché (encore!), pour l’autre, je serais impatient (comme toujours) et le dernier ne comprendrait pas ce qui se passe avec ses yeux qui disent : « Quoi, j’en ai-tu manqué un boutte? » Ce serait tellement plus simple de juste envoyer tout le monde dans sa chambre, dans le coin ou au cachot! Mais, même si je faisais ça, j’aurais trois réactions différentes : le premier penserait qu’il est le pire fils et ferait son mea-culpa à en faire pitié, le deuxième me brandirait sûrement la Charte des droits et des libertés des deuxièmes de famille sous le nez et le troisième me dirait que maman est tellement plus compréhensive.

Une planète à la fois

Je ne m’en sors pas. Je dois les prendre un par un et leur expliquer le pourquoi de ma colère ou de ma réaction. Imaginez aller au restaurant! Parfois, je réagis en disant : « On va au restaurant! » Vous, normalement, vous seriez réjouis, non? Eh bien chez moi, le premier veut bien venir en autant qu’il peut emmener son Nintendo DS (ce que je refuse), le deuxième ne veut pas un resto avec un menu parce qu’il faut attendre (entendre qu’il veut aller au Mc Do… ce que je refuse) et le troisième veut absolument du spaghetti. Ce à quoi le premier réplique qu’on peut en faire à la maison, mais qu’on ne fait pas de sushi à la maison, donc qu’on va aller manger du sushi. Le deuxième intervient alors en disant qu’il n’y a aucun problème avec le sushi, tant qu’il peut commander des pogos et le troisième dit à ce moment, qu’il veut changer de famille (ce que je refuse).

Et c’est reparti! Est-ce que j’ai l’air de me plaindre? Pas du tout. Parce que primo, on sait que les pommes ne tombent jamais bien loin du pommier. Et que, deuzio, quand les trois décident de vous dire chacun à leur façon qu’ils vous aiment, c’est un trio qui vous stimule pour la semaine. Et même moi, je ne veux pas changer de famille!

Texte rédigé printemps 2008