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Ma fille s’enrage pour tout !

fillette colereBonjour!

J’ai vu votre publication sur Facebook!…. Je vais certainement en profitez!!!  Ma fille de 7 ans s’enrage facilement… Si on essaie de lui montrer quelque chose et elle ne réussit pas du premier coup….. OUF!

De plus, elle s’enrage aussi parce qu’elle a de la difficulté a s’exprimer.. elle veut nous dire quelque chose, mais ça sort pas comme elle le voudrait ou bien on ne comprends pas… et bien elle se referme sur elle-même! Elle n’est pas violente du tout, mais se met à pleurer et s’enferme dans sa chambre…..

J’essaie d’imaginer quand elle aura 15 ans, si elle a du caractère a 7 ans!!!!  Comment désamorcer le drame…. que dois-je faire… pour l’instant, son papa et moi, on lui dit seulement que dans la vie, c’est essai et erreur… de ne pas se fâcher, qu’on aime pas son attitude!

Merci à l’avance pour votre aide!

Chantal


Bonjour Chantal,

Merci d’utiliser le service qui est offert à tous les parents. Il est effectivement là pour que vous en profitiez.  Il y a plusieurs choses dans le comportement de votre fille que je voudrais explorer avec vous.

Tout d’abord, par rapport aux difficultés d’expression de votre fille. Il serait intéressant d’analyser si cela provient de son état émotionnel du moment, de ses croyances sur elle-même (voir plus bas), ou bien si cela relève d’un éventuel problème sous-jacent d’ordre plus neurologique.

Des difficultés de communication peuvent causer énormément de frustrations chez un enfant et même chez un adulte. L’enfant peut alors généraliser cette frustration a tout ce qu’il ne réussit pas dans sa vie, développant ainsi un sentiment d’échec et une faible estime de soi.

La première étape, si cela vous parle, serait de faire évaluer votre fille par un spécialiste.

Ensuite, et peu importe l’origine du problème, par rapport à l’acceptation de votre fille face à « l’échec ». Je mets délibérément des guillemets à « échec » car pour moi il n’y a pas d’échec, il n’y a que des résultats qui parfois, ne sont pas ceux que l’on souhaitait.

Quand on observe un côté un peu « perfectionniste » chez une personne, on remarque souvent une intolérance à sa propre imperfection et donc à ses « non réussites ». On retrouve d’ailleurs souvent les stigmates de ce perfectionnisme chez les parents qui peuvent soit être exigeants envers leurs enfants soit, ne pas l’être du tout, mais l’être envers eux-même.

Comme vous le savez, les enfants sont de fins observateurs et le modèle que vous êtes les influence beaucoup plus que les messages verbaux que vous utilisez envers eux. Alors la première piste de réflexion est de vous interroger, vous et votre conjoint, sur votre propre relation à votre imperfection et à vos limites. A quel point êtes-vous exigeants envers vous-même? Est-il possible que votre fille soit ou ait été témoin de personnes qui se fâchent quand les choses ne vont pas comme elle veulent? Il est fort à parier qu’en modifiant votre propre tolérance, la sienne va s’en trouver grandement améliorée.

La distinction entre « échec » et « résultat »est importante. Comme autre piste d’intervention, je vous suggérerais de supprimer cette distinction entre « essai et erreur » car cela présuppose qu’il y a un bon et un mauvais, un gagnant et un perdant… et personne ne veut se retrouver du côté du mauvais ou du perdant.

Je vous conseille à la place de lui enseigner les vertus de la persévérance et de lui faire expérimenter (ou lui rappeler car à son âge elle a elle-même un gros bagages d’expériences) les résultats qu’un entrainement apporte. Expliquez-lui avec des mots de son âge, que toute personne qui excelle dans un domaine, un sportif, une chanteuse, etc… a du s’entraîner beaucoup avant de réussir.

Elle n’a pas marché du jour au lendemain, au premier essai. Il a fallu qu’elle passe par plusieurs étapes de développement, avant de pouvoir se lever debout puis de faire un pas en se tenant, puis un pas sans se tenir etc… Il a fallu qu’elle essaie et essaie encore et n’abandonne jamais pour réussir à marcher. Si elle avait abandonné, elle serait encore à 4 pattes aujourd’hui. Et ce fut pareil pour rouler à bicyclette et pour plusieurs autres apprentissages.

Une étude sur la réussite des enfants a démontré que les enfants qui réussissent le mieux dans leur scolarité et qui ont une plus grande adaptabilité face aux événements de la vie, ont en commun deux croyances.

La première: qu’il sont intelligents. D’où l’importance de les renforcer positivement dans leurs compétences. La seconde: que c’est l’entrainement qui les fait devenir compétent. En effet, un enfant à qui on répète sans cesse et inconditionnellement qu’il est intelligent et hyper compétent et ce, peu importe son degré de réussite, finira tôt ou tard par ne plus vous croire car il vivra inévitablement des défaites. Il développera aussi l’idée que l’intelligence est statique. On est intelligent ou on ne l’est pas et on n’a aucun pouvoir là dessus. On risque alors de ne voir se développer aucune persévérance face à la tâche et par contre, assez rapidement un manque d’estime de soi.

En modifiant votre vocabulaire pour parler uniquement d’essais, d’entrainement, de persévérance, qu’à chaque nouvelle tentative elle se rapproche du résultat qu’elle veut, vous lui donner les messages qu’elle a toutes les compétences à l’intérieur d’elle et qu’elle va finir par réussir.

Pour finir par rapport au fait qu’elle s’enrage face à « l’échec ». Bien que vous ayez changé votre intervention, elle aura sans doute encore quelques réactions vives face à sa « non atteinte du résultat voulu » au début. Je vous suggère d’ignorer cette attitude afin de ne pas lui donner un sentiment d’inadéquation supplémentaire. Accueillez-la, reconnaissez sa frustration. Vous pouvez lui dire par exemple: « je comprends que tu voudrais réussir tout de suite », « c’est frustrant, à moi aussi cela arrive ». Être reconnu dans nos émotions permet très souvent de les calmer instantanément. Aussi, de cette façon, vous ne lui permettrez pas d’obtenir l’attention négative qu’elle voudrait peut-être aller chercher et n’alimenterez pas ce comportement.

Ensuite encouragez là à essayer encore, en lui faisant voir comment elle s’est améliorée depuis la dernière fois, en lui rappelant comment elle a réussi d’autres défis en persévérant, etc… Vous pouvez aussi l’aider pour que l’apprentissage se fasse un pas à la fois au lieu de vouloir atteindre le sommet de la montagne dés le début de la promenade. Faites lui vivre des réussites et soulignez-les.

Chez nous, l’expression « je suis pas capable » est interdite. L’utilisation du verbe « être » à l’indicatif présent sous entend: « J’étais, je suis et je serai toujours! ». Il programme donc le cerveau dans cette croyance d’intelligence statique et de non compétence dont je parlais. Nous l’avons remplacé par: « J’ai encore besoin d’un peu d’aide » , « J’ai encore besoin de me pratiquer ». Je peux vous dire cela change totalement l’expérience pour mes enfants quand je les reprends. D’un coup, ils reprennent espoir et la frustration disparaît car une porte s’ouvre au lieu de se fermer.

Je veux conclure ma réponse en vous félicitant de votre démarche d’accompagner votre fille et en me réjouissant que votre fille ait du caractère comme vous dite. Cela est preuve de détermination et l’aidera grandement à relever des défis. Vous avez maintenant plusieurs pistes à explorer. Vous trouverez certainement une coach familial de votre région pour vous accompagner au travers de ces petits défis de l’éducation, si vous en avez besoin.

Bonne continuation à vous et à votre famille!