L'anxiété postnatale: Quand bonheur rime avec peur!

L'anxiété postnatale: Quand bonheur rime avec peur!
Ce n’est un secret pour personne. Devenir maman n’est pas de tout repos! Il s’agit d’un événement majeur dans la vie d’une femme occasionnant de grands bouleversements psychologiques et un stress important, ainsi que des montagnes russes d’émotions au quotidien! Ajoutons à tout ça la pression ressentie face à cette image totalement idéaliste de «supermaman» véhiculée par la société, accompagnée d’une multitude de campagnes de prévention visant à informer des risques auxquels sont exposés les nouveau-nés et nous voilà en présence d’un «cocktail» à saveur anxiogène!
En fait, de plus en plus d’études tendent à vouloir démontrer la présence accrue de troubles anxieux postpartum non diagnostiqués, qui toucheraient près de 20% des femmes, soit une maman sur cinq! L’anxiété postnatale en fait partie. Bien que similaire à la dépression postpartum en ce qui a trait aux symptômes liés à l’humeur, c’est-à-dire un sentiment d’irritabilité et de tristesse, une grande fatigue, une perte d’intérêt pour les activités du quotidien, elle reste encore méconnue de bon nombre de femmes et passe, malheureusement, encore trop souvent sous silence. Bien sûr, un événement aussi important que la venue d’un bébé demande une certaine période d’adaptation et d’ajustements durant laquelle il sera tout à fait «normal» de ressentir des hauts et des bas émotivement, d’être plus fatiguée, de se remettre en question, d’avoir des inquiétudes et de vivre un stress plus grand qu’à l’habitude. Alors, me direz-vous, comment faire la différence entre les réactions typiquement «normales» du postpartum et celles pouvant nuire à votre santé? De prime abord, il faut savoir que le stress est un réflexe primitif du corps humain, un réflexe de survie et de protection qui est enclenché lorsque l’individu doit faire face à des éléments nouveaux, considérés comme menaçants et auxquels il doit adapter son mode vie. Toutefois, il arrive que, par manque de stratégies adaptatives, ou bien tout simplement à cause d’une surcharge émotive, le stress s’accumule à un point où l’organisme ne sera plus en mesure de différencier les éléments réellement menaçants de ceux qui ne le sont pas, occasionnant ainsi la formation de ce que l’on nomme les «scénarios catastrophes», c’est-à-dire de constamment imaginer le pire à travers des situations de la vie courante. Lorsque le corps est coincé dans ce tourbillon de craintes et d’inquiétudes sur une base quotidienne et que ce dernier fait entrave au bon fonctionnement adaptatif de l’individu, il n’est plus question de stress, mais plutôt d’anxiété pouvant être nocive pour la santé physique et psychologique de la nouvelle maman. L’anxiété postnatale ne doit donc pas être prise à la légère et encore moins être sous-estimée. Il est dorénavant prouvé que les fluctuations d’hormones suite à un accouchement, en particulier l’œstrogène et la progestérone, ont un rôle à jouer dans la gestion des émotions (Dre Poulin, 2011). Aucune maman n’est donc à l’abri! Qui plus est, les conséquences à plus long terme d’un trouble anxieux postpartum non diagnostiqué et non traité se refléteront non pas seulement sur la santé de la maman, mais également dans la dynamique familiale et sur le développement de l’enfant, principalement en ce qui concerne l’attachement. C’est pourquoi il est impératif de sensibiliser la population à la problématique de l’anxiété postnatale, afin de bien reconnaître les signes et symptômes et ainsi être en mesure de réagir rapidement et adéquatement.

Voici donc quelques particularités qui devraient vous mettre la puce à l’oreille :

  1. Sentiment de ne pas être à la hauteur : Vous avez l’impression que tout ce que vous faites ne mène à rien, vous croyez de ne pas être la bonne personne pour répondre aux besoins de votre bébé, vous avez l’impression de ne pas être une «bonne maman».
  2. Sentiment d’irritabilité émotive : Vous passez facilement d’un état de joie à une tristesse importante, vous êtes susceptible, vous vous sentez attaquée par le moindre commentaire de votre entourage. Vous n’êtes plus en mesure de faire la différence entre ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas.
  3. Fatigue et perte d’intérêt pour les activités quotidiennes : Le simple fait de sortir du lit vous paraît insurmontable? Vous refusez les invitations à sortir, à vous divertir, vous ne ressentez plus de plaisir à effectuer des tâches qui auparavant vous plaisaient.
  4. Sentiment qu’une catastrophe imminente est sur le point d’arriver : Vous voyez tout en noir, vous imaginez le pire à chacune des situations de la vie courante, vous craignez que quelque chose de grave vous arrive à vous ou encore à votre bébé. Vous préférez rester à la maison dans le but d’éviter tout risque d’accident et ainsi minimiser les risques de danger pour votre bébé, par exemple : Si je vais à l’épicerie en voiture, il est possible d’avoir un accident sur la route…
Et bien si c’est votre cas, il est temps d’agir!

Voici quelques suggestions d’intervention qui pourront vous venir en aide et ainsi vous permettre de reprendre le contrôle de vos pensées, de votre vie :

  1. Parlez de ce que vous ressentez : Nous ne le dirons pas assez souvent. Verbaliser nos craintes et nos inquiétudes est le meilleur moyen pour évacuer tout le stress que nous ressentons au quotidien. De plus, cela permet d’obtenir une opinion différente, une perception autre que la nôtre sur la situation en question, et de ce fait, être en mesure de considérer des alternatives à nos «scénarios catastrophes».
  2. Sortez de la maison : Prendre l’air est si bénéfique pour la santé physique et psychologique! Cela permet de modifier nos pensées, de faire le vide, mais également de rencontrer des gens, d’interagir, de discuter et de réaliser que nous ne sommes pas seuls à vivre les difficultés que nous vivons.
  3. Faites de l’exercice : Inscrivez-vous à des cours de yoga, de pilates, de remise en forme, ou tout simplement à des groupes de marche. L’important c’est de bouger!
  4. Apprenez à déléguer : Impliquez d’avantage le papa dans la routine de bébé. En plus de favoriser le développement d’une bonne relation affective avec son papa, le fait de déléguer vous permettra de prendre une pause, de relaxer, de vous reposer! Formez une équipe avec votre conjoint, divisez-vous les tâches, soutenez-vous mutuellement. De plus, établissez une liste de priorités. Le ménage peut attendre, prenez plutôt du temps pour vous lorsque vous le pouvez.
  5. Dormez! En fait, un des ennemis de l’anxiété est le manque de sommeil. Bien sûr, lorsque vous devez vous lever toutes les deux heures pour nourrir votre bébé, il est clair que vos besoins de sommeil ne sont pas comblés. N’hésitez donc pas à dormir lorsque bébé dort, soit pendant les siestes, ou bien lorsqu’il interagit avec papa!
  6. Évitez de prendre ce temps précieux pour le ménage ou pour la lessive. Récupérez plutôt votre sommeil!
  7. Pratiquez des exercices de méditation pleine conscience : De plus en plus populaire, cette technique vise à vivre le moment présent, à centrer notre attention sur les éléments perçus par nos sens, que ce soit la respiration, le bruit des oiseaux, bref, évitez de penser à demain et concentrez-vous sur le ici et maintenant!
Enfin, si vous avez le moindre doute en ce qui a trait à votre état de santé, n’hésitez pas à consulter un professionnel et à demander de l’aide! Déculpabilisez-vous, car il est tout à fait «normal» et nécessaire de prendre du temps pour soi. Conseil d’une intervenante, maman et d’une femme qui s’est trop longtemps réfugiée dans le confort et la sécurité que lui procurait son pyjama de flanelle…
Cynthia Cusson

Éducatrice spécialisée - Membre du Réseau Nanny secours 2016-2017. BESOIN D'UNE CONSULTATION?

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