Ma fille de 13 ans me confronte continuellement!

Ma fille de 13 ans me confronte continuellement!
Bonjour, J’ai une fille de 13 ans qui a un gros problème avec moi.  Nous vivons sur une réserve Amérindienne, ma femme étant Algonquine et moi Haïtien. Donc 2 cultures très différentes.  Elle n’accepte pas mon autorité.  Je mets des règles, mais  elle ne m’écoute dans rien.  Je suis fatigué de tout ça, d’autant plus que j’ai 3 autres enfants à la maison.  Je crois qu’il est temps qu’elle comprenne qu’elle n’est pas le boss et qu’elle doit faire ce que je lui dis. Nous envisageons de déménager. Il y a trop de laisser aller sur la réserve et je crois qu’elle voudrait qu’on la laisse faire comme tous les autres enfants. Mais nous ne sommes pas comme les autres parents. Que dois-je faire ?  Je pense même la placer à la maison Rouyn-Noranda…
Bonjour Monsieur ! Je suis touchée par votre histoire, ayant moi-même des amis Haïtiens et étant depuis toujours intéressée par la culture Amérindienne.  Je peux donc concevoir certaines difficultés liées aux cultures dans votre situation.  Par exemple, j’ai souvent remarqué que les papas Haïtiens sont très protecteurs envers leurs filles.  Alors qu’en général, sur une réserve Amérindienne, il y a un certain laisser-aller dans l’encadrement des jeunes (ce qui semble être le cas selon votre description de la situation).  Il n’y a pas de « meilleure » façon de faire : il faut savoir tirer parti des 2 cultures, en conserver le meilleur et faire les compromis qui sont nécessaires en autant qu’ils ne nuisent pas au développement de l’enfant. Premièrement, il serait important de parler avec votre fille de ce que vous souhaitez pour elle.  Qu’elle soit heureuse ? Qu’elle ait de bonnes bases pour réussir ce qu’elle souhaite entreprendre dans sa vie ?  Quoi d’autre ?  Demandez-lui ce que sont ses rêves, même s’ils lui paraissent un peu fous !  Dites-lui que vous ferez tout pour qu’elle puisse les réaliser, et qu’en tant que parent, elle doit vous faire confiance pour la guider et lui éviter certaines situations qui pourraient la faire dévier vers des chemins difficiles. Demandez-lui de regarder les gens qui l’entourent et qui lui semblent heureux.  Que font-ils de différent de ceux qui semblent malheureux et avoir de grands problèmes ? Ensuite, expliquez-lui que vous avez confiance en elle, mais que vous devez mettre des limites pour la protéger de situations risquées.  À l’adolescence, la partie rationnelle du cerveau qui nous aide à prendre des décisions n’est pas encore complètement développée, ce qui fait que les jeunes prennent parfois des risques qui nous apparaissent évidents.  C’est donc vous qui devez tracer des limites, ce qui risque fort de la contrarier.  C’est son droit, mais demeurez ferme quand il est question de sécurité. Aussi, vous pouvez prendre un moment pour évaluer les risques réels.  Tout interdire et tout contrôler la limitera dans son développement.  Pour en faire des adultes responsables, il faut qu’ils aient eu des occasions d’exercer leur jugement, de faire des erreurs et d’en payer le prix.  Prenons l’exemple des drogues même si ce n’est pas nécessairement ce que vit votre fille.  De toutes façons elle sera confrontée tôt ou tard à faire des choix à ce sujet.  Nous savons que de nos jours, beaucoup de jeunes essaient de consommer des drogues.  Certains parents décident de tout simplement en consommer avec eux, alors que d’autres feront de grandes menaces telles que : « Si tu touche à ça ne serait-ce qu’une fois, on te met à la porte ! ».  Entre les deux, un parent qui aurait connaissance que son jeune a consommé, pourrait donner une conséquence adaptée au fait d’avoir fait un choix qu’il n’approuve pas, question de passer un message et non de punir : les jeunes ont besoin de transgresser des règles et il faut donc leur en offrir à transgresser !   Ensuite, ouvrir le dialogue : Qu’est-ce que ça t’a apporté ?  Comment tu te sens maintenant ?  Qu’est-ce que tu as trouvé agréable ?  Et qu’est-ce que tu n’as pas aimé ?  Certains jeunes peuvent consommer pour avoir l’impression qu’ils ont du pouvoir, que c’est eux qui décident; d’autres, pour avoir l’estime de leurs amis ou encore engourdir une peine, avoir du plaisir, etc.  Les écouter sans juger, et les amener à réfléchir pour voir si c’est le meilleur moyen d’atteindre leur but est assurément une attitude gagnante.  Et vous pouvez transposer cette attitude pour toute transgression que votre fille fera durant son adolescence…  Ainsi vous lui témoignerez de votre amour, de votre soutien et vous la rendrez plus critique et responsable. Aussi, il serait important de vous assurer que vous et votre conjointe avez les mêmes valeurs et règles, ou à tout le moins, que vous établissiez ensemble des bases communes qui seront constantes et appliquées également par vous deux.  Vous partagerez ainsi l’odieuse tâche de mettre les limites et appliquer les conséquences ! N’oubliez pas d’informer votre fille ensemble au préalable. Finalement, il se pourrait que de quitter la Réserve soit une option si vous trouvez que le milieu ne lui offre pas assez d’opportunités de développer ses qualités et s’épanouir.  Les jeunes sont parfois très vulnérables à la pression des autres à cet âge et l’environnement peut nuire au développement de certains jeunes.  Ou alors impliquez-vous dans la communauté, créez un lieu de rassemblement positif pour les jeunes où ils pourront être soutenus pour réaliser leurs rêves.  Ils ont parfois besoin que des adultes croient en eux ! En dernier recours, envoyer votre fille en pensionnat pourrait être une solution.  Mais ne le faites surtout pas sous le coup d’une colère et en présentant la chose comme une punition.  Préservez votre lien, parlez de vos inquiétudes et de votre désir de faire au mieux pour elle, selon votre expérience et vos connaissances, quitte à vous tromper et devoir admettre 10 ans plus tard que ça n’a pas été le meilleur choix...  Nous avons le devoir de faire au mieux, selon ce que nous sommes et les informations que nous avons au moment où nous prenons une décision.  Par conséquent, nous avons droit à l’erreur !  Acceptez qu’elle puisse être mécontente : ce n’est que bien des années plus tard que les jeunes peuvent apercevoir tout l’amour qu’il y avait dans nos décisions qui leurs ont déplu ! Sur ce, je vous encourage à développer une belle communication avec votre fille tout en offrant un cadre sécurisant qui lui permettra d’exercer son jugement et son sens des responsabilités.  N’hésitez pas à faire appel à une de nos coachs pour obtenir un soutien plus personnalisé! Bonne continuité avec votre fille !
Manon Gauthier

Éducatrice spécialisée et coach familial certifié couvrant la région de la Mauricie. Elle intervient auprès des enfants de 0-25 ans. Membre du Réseau Nanny secours depuis 2013.

Manon Gauthier
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